Quelle positivité à l’égard d’où elle a toujours vécue. Mais non au contraire, s’en est même devenue une habitude. Le chant des criquets, des oiseaux et d’autres insectes qui habitaient les gigantesques arbres qui l’entourait comblait ses oreilles de l’une des mélodies les plus harmonieuses et naturelles qui soient. La nature… Les mots ne pourraient donner justice à la tranquillité d’esprit que celle-ci accorde par le biais d’un simple regard, d’un simple son, ou bien encore de la fraîche odeur de la pluie. Ou bien dans le cas présent, les gouttes s’écoulant du feuillage la surplombant, en plein sur son visage. Lunatique direz-vous, que de contempler la cime des arbres et le ciel grisâtre y perçant, figée là debout, sans bouger d’un pouce. De la méditation sans doute, que d’en faire autant en prenant de grandes inspirations. La kunoichi en avait la chair de poule, ses vêtements maintenant aussi trempe que le sol après la tempête. Mais elle n’y accordait point d’attention, ne zieutant que le mouvement naturel des branches emportée par le vent. Un sourire se formait sur le coin de ses lèvres, telle une enfant émerveillée par les simples petites choses. Charmée, emportée par une telle mélodie, elle ne put s’en sortir qu’en se pinçant. Non sincèrement! Se prit ce petit pincement afin de la forcer à abaisser de nouveau le regard devant elle, maintenant les bras croisés. Elle tourna la tête un moment, distraite par les nombreux bruits de nombreuses provenances. Dans une forêt, ce n’est pas ce qui manque après tout! Mais aucune présence, mis à part celle des petites bêtes. Réfugiées du temps ou pas, soient-elles.

"Toujours aussi distraite" poussa-t-elle après un soupir.

Distraite, certes. Mais qui n’a pas besoin d’un petit coin tranquille, d’un moment de relaxation? Ce n’est pas la pluie, qui en plus est si abondante et régulière ici à Kiri qui allait l’empêcher de prendre un brin d’air frais. Surtout pas parmi de temps aussi mouvementés. Qui sait si cette fois était la dernière… Chaque instant devait être pleinement profité. Puis après tout, elle a un talent pour en faire autant. Yuu lâcha un rire qu’elle n’étouffa pas à la simple pensée. Quel drôle de monde, à vrai dire. L’humour n’était-il pas une arme contre la réalité des choses? Ne désirant pas divaguer davantage, la jeune femme entreprit de lents pas dans la direction d’où elle était venue. Une longue marche, cela avait été… Mais dans ce petit sentier qui lui était si familier, la route menait de nouveau à Kiri en une vingtaine de minutes. L’endroit où elle avait grandit, vécue, apprise… Quoi que corrompu à plusieurs niveaux, rien ne pourrait battre ce sentiment de nostalgie. L’on ne peut agir pour les gens, pour le monde entier. Mais chacun pouvait agir pour soi, pour faire une différence… Ne serait-ce que pour une seule personne d’autre. Ravie de nouveau à la simple idée, Yuu entama ses pas sur le sentier en question, s’abritant ainsi sous d’épais arbres. Comme un chien, elle secoua la tête afin de chasser l’eau qui s’était imprégnée jusqu’à sa peau. Une douche naturelle, ça ne manquait surtout pas ici! Après avoir secouée son kimono, aussi, elle continua sa route de retour. Sans doute allait-elle se faire tuer si elle rentrait les pieds aussi boueux dans sa demeure mais… Qui n’y était plus habitué ici? De plus, elle préférait rigoler et embêter ses proches le plus qu’elle pouvait.

Elle leva une seconde et dernière fois le regard vers le ciel… Toujours aussi gris. Gris, comme semblaient être les temps à venir?