A venir...

♦ Prologue ~ L'Aube d'une nouvelle vie...

Son sac sur le dos, Fuuro s’apprêtait à franchir cette porte. Elle n’avait pas peur, au contraire, elle était déterminée. La famille Tanaka allait très certainement lui manquer, mais sa place n’était pas, ou du moins, plus ici. Un pas en avant, la main sur la poignée, un second pas et ça y est, elle était dehors. L’air frais du pays du feu lui caressait le visage. C’était très agréable. Non, ce n’était pas la première fois qu’elle sortait par un jour de vent, mais cette sensation d’indépendance, elle, était nouvelle. Elle traversa le grand jardin où de multiples souvenirs de ce manoir qui l’avait vu grandir lui revinrent en mémoire. Tout au bout de l’allée des rosiers se trouvaient Touko & Touya Tanaka, ces faux jumeaux (Touko étant une fille et Touya un garçon) de deux ans ses cadets qui l’avait considérée comme leur propre sœur. Ils étaient les seuls à être au courant du départ de Fuuro, et ils étaient venus la saluer une dernière fois. On pouvait voir dans leurs yeux une profonde tristesse, que Touya, « l’homme » de la fratrie, tentait bien que mal de camoufler derrière un léger sourire. Quand à Touko, des larmes ruisselaient le long de ses joues à mesure qu’elle voyait « sa sœur » s’approchait.
Ils étaient maintenant face à face.


Fuuro posa son sac au sol et sans dire un mot, prit les jumeaux dans ses bras et dit :

« - C’est fou, je sais, mais je dois le faire. Je dois chercher ce pourquoi je suis venue au monde… »

Touko s’écarta, elle fronçait les sourcils.

« - Mais ça peut attendre, non ?! s’écria t-elle, tu n’as que quinze ans, tu as encore le temps pour…
- J’y ai beaucoup réfléchit, l’interrompit Fuuro, et je pense savoir mieux que quiconque ce qui est bon pour moi… »

Elle baissa la tête et murmura :

« - Je reviendrai… Oui, je reviendrai une fois que j’aurai fait ce qu’il faut…
- Mais… ! »

Touya posa sa main sur l’épaule de sa sœur pour l’arrêter, il regarda ensuite Fuuro avec un petit sourire.

« - Quoi qu’il arrive, n’oublie pas que nous restons ta famille, dit-il. »

Il avait toujours eu un tempérament un peu plus calme que sa sœur, il était un peu le « grand frère » malgré le fait qu’ils avaient le même âge. Touko n’était pas méchante pour autant, elle était une personne très digne de confiance, mais elle avait un caractère un peu plus direct.
De timides larmes commencèrent à couler des yeux de Fuuro, ils allaient sincèrement lui manquer.

« - Merci… murmura t-elle, merci pour tout. »

Ils restèrent ainsi enlacés un bon quart d’heure à se remémorer leurs meilleurs souvenirs d’enfance, puis elle ramassa enfin son sac : c’était l’heure du départ.

Chapitre 1 ~ Le mystérieux « N »

Cela devait bien faire un an que Fuuro errait à travers les forêts et campagnes du pays du feu. Oui, un an, ou peut être plus, à vrai dire, elle ne le savait pas vraiment. Ce voyage l’avait véritablement fatiguée : physiquement, elle avait beaucoup maigrit, et psychologiquement, son moral n’était pas au beau fixe. Les premiers mois tout allaient pour le mieux, elle arrivait à vivre plutôt convenablement, mais cela avait empiré de plus en plus et elle était maintenant contrainte à voler pour survivre. Elle n’était vraiment pas fière de ce qu’elle était devenue, et il lui arrivait parfois, lorsqu’elle pleurait en regardant les étoiles ou les nuages, de regretter sa fugue. Mais il était trop tard maintenant, elle avait bien trop honte de rentrer… Et même si elle le voulait, ils devaient déjà l’avoir oubliée… Parfois elle pensait même à mettre un terme à tout ceci… Les ténèbres l’engloutissaient davantage chaque jour, et tout semblait joué d’avance... Oui, sa courte et triste vie n’allait pas tarder à s’éteindre…
Mais il lui est apparu… et sa lumière l’a sauvée.

C’était un de ces matins froids et déprimants d’automne. Fuuro était véritablement à bout et elle avait conclu que ce lever de soleil serait son dernier. Elle était prête à le faire. Plusieurs jours auparavant elle avait hésité sur la façon dont elle allait mettre fin à ses jours, puis elle avait finalement opté pour le jigai, une forme de suicide plutôt ancienne qui consistait entre autre à se trancher la gorge. Elle se souvenait l’avoir appris dans un de ses livres d’histoire des Tanaka. Ah ces Tanaka… Même au bord de la mort, elle avait encore ce nom à la bouche.

Tout était prêt pour le « grand voyage », elle avait prit soin de préparer un poignard et de confectionner une corde pour nouer ses jambes comme le voulait la tradition. Elle n’avait cependant pas trouvé de kimono blanc. Quant à l’endroit, elle avait choisi ce petit lac entouré d’arbres, un endroit magnifique. Elle prit place au bord d’un arbre et commença à se nouer les jambes. Elle regarda ensuite la position du soleil dans le ciel : il était bientôt midi. Pour la première fois dans sa vie, elle pouvait décider et planifier totalement quelque chose. Elle avait le contrôle de la situation. Cela peut paraître fou, mais depuis qu’elle avait quitté la maison des Tanaka, elle ne s’était certainement pas senti aussi bien qu’au moment où elle prit le poignard dans ses mains. Mais ce sentiment de bien être ne dura pas très longtemps. Bien vite ses mains se mirent à trembler, puis ce fut les bras, et enfin le corps tout entier. De la peur mêlée à de l’excitation, qu’est-ce qu’il pouvait bien y avoir après la mort ? Est-ce qu’elle ne souffrirait pas encore plus une fois de « l’autre côté » ? Etait-ce réellement le bon choix… ? Tant de questions sans réponses traversèrent quasiment simultanément l’esprit de Fuuro qui finit par lâcher le poignard en s’évanouissant.

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle était toujours au même endroit, mais ses jambes étaient déliées et une couverture était posée sur elle. Juste à côté, un jeune homme était assis à la regarder. Il souriait.

« - Comment ça va ? demanda t-il.
- Bien, répondit-elle en tentant de se relever, Mais… Qui êtes-vous ? »

Il l’aida à se mettre debout, puis passa une main dans les cheveux de la jeune fille ce qui la fit légèrement rougir. Il était plutôt intimidant, ses yeux verts semblaient lire à travers elle et ses longs cheveux, verts eux aussi, étaient très beaux.

« - Appelle moi « N », lui souffla t-il à l’oreille.
- Henne ? Comment ça s’écrit ? s’interrogea t-elle en fronçant légèrement les sourcils. »

Il se mit à rire avant d’ajouter :

« - La quatorzième lettre de l’alphabet, « N ».
- Mais ce n’est pas un nom, ça… ajouta t-elle.
- Il va pourtant falloir que tu fasses avec… Et toi, comment t’appelles-tu ?
- Fuuro… »


C’était la première fois qu’elle devait se présenter à quelqu’un, jusque là, elle n’avait connu que les Tanaka et n’avait donc jamais eu à se présenter. D’ailleurs elle ne connaissait même pas son véritable nom de famille. Elle savait que sa mère l’avait confiée aux Tanaka peu avant sa mort, elle en avait vaguement parlé avec eux, et elle n’arrivait pas à se souvenir de son nom. Quant à son père, même les Tanaka ne le connaissait pas…

« - Et tu n’as pas de nom, Fuuro ? demanda t-il en souriant, Je veux dire, Fuuro c’est ton prénom, mais ton nom…
- Je ne crois pas avoir besoin de donner plus d’informations me concernant à quelqu’un se faisant appeler par une lettre de l’alphabet… répondit-elle avec cynisme.
- Haha, oui tu as raison. »

Et il ne lui posa pas d’autres question pendant les quelques minutes qui suivirent. Il y eut un blanc, comme on dit. Fuuro brisa finalement la glace en voyant le regard de « N » se poser sur le poignard et la corde.

« - Le jigai… Ca consiste à s’ouvrir la gorge tout en ayant les jambes nouaient pour mourir de façon décente, murmura t-elle, mais je n’ai pas eu le courage de…
- Je ne savais pas que l’on pouvait mourir décemment, tu m’apprends quelque chose dis donc…
- C’est une méthode ancestrale, comment oses-tu… ! s’écria t-elle
- Pourquoi ? dit-il fermement en la regardant droit dans les yeux. »

Elle s’écroula dans ses bras en larmes.

« - Je ne sais pas, répondit-elle entre deux sanglots. »

Chapitre 2 ~ Sur les traces de Yumi Itô

Ils restèrent ainsi ensemble pendant plus de six mois durant lesquels « N » entraina Fuuro au ninjutsu. Il était lui-même shinobi et lui apprit tout ce qu’il y avait à savoir. Ils étaient devenus assez proches pendant cette période, et la jeune fille l’estimait énormément. Cela se ressentit notamment le jour où il disparut. Après tout ce qu’ils avaient vécu ensemble, il l’avait abandonné comme ça, sans même la prévenir. Elle s’était réveillée, et il n’était plus là, voilà comment cela s’était passé. Fuuro était totalement anéantie, mais elle s’était jurée de le retrouver un jour et de lui faire payer… à sa manière. Mais tout ceci n’était pas à l’ordre du jour, ce qu’elle voulait pour l’instant, c’était de retrouver les Tanaka après cette longue absence de presque deux ans. Elle voulait revoir Touko et Touya, les prendre dans ses bras, mais elle voulait également montrer à M. & Mme. Tanaka ses nouveaux talents de ninja. Ce voyage avait finalement porté ses fruits après tout, sa rencontre avec « N » l’avait vraiment métamorphosée.

Les retrouvailles avec les Tanaka furent plutôt émouvantes, mais également propices à quelques révélations. M. Tanaka avoua entre autre à Fuuro que sa mère n’était peut être pas morte et qu’en se rendant au pays de l’eau chez un certains Ryôsuke Nakamura, elle trouverait peut être de plus amples informations. En effet, Yumi Itô, la mère de Fuuro, avait servi comme domestique dans cette demeure pendant plusieurs années, ils seraient donc certainement susceptible de renseigner davantage la jeune fille.
C’est ainsi que peu après ses dix-sept ans, la jeune fille se remit en quête de ses origines en mettant cette fois-ci le cap sur le pays de l’eau, à la recherche de sa mère ou de toutes informations s’y rapportant.

La demeure des Nakamura était située à quelques kilomètres du village de Kiri, elle dominait un petit bourg où travaillaient inlassablement de pauvres paysans qui semblaient au service de cette famille. Lorsque l’on pénétrait dans leur « domaine », leur imposant jardin était certainement la chose qui frappait le plus : des allées d’arbres à n’en plus finir, des plantes et fleurs à vous en faire tourner la tête et surtout ce lac en plein milieu. Mais tout ceci n’était qu’une mise en bouche comparé à ce qui attendait Fuuro un peu plus loin : une imposante maison de style traditionnelle dominait le somptueux jardin un peu plus loin sur une colline.


Fuuro n’en croyait pas ses yeux, et elle commençait même à douter. Etait-ce vraiment convenable d’arriver à l’improviste dans ce genre de palace ? Peut être fallait-il prendre rendez-vous... La jeune fille comprenait un peu mieux désormais pourquoi ces paysans avaient l’air étonné de la voir rentrer dans ce jardin. Elle s’apprêtait à faire demi-tour quand elle tomba nez à nez avec un jeune homme.

« - Puis-je savoir ce que vous faites ici, mademoiselle… ? l’interrogea t-il. »

Il était brun, portait des lunettes, et n’avait vraiment pas l’air commode. Son regard et la façon dont il avait parlé faisait froid dans le dos.

« - A vrai dire… je me suis quelque peu perdue… hésita t-elle. Beau jardin en tout cas, conclut-elle sur un petit rire qui sonnait on ne peut plus faux.
- … »

Il ne semblait vraiment pas la croire, elle était décidément très mauvaise menteuse. Elle reprit donc plus sérieusement :

« - Je comptais rencontrer le maître de ces lieux… Ryôsuke Nakamura…
- Vous avez rendez-vous ?
- Ma mère était au service de cette demeure pendant plusieurs années, reprit-elle aussitôt, je veux juste en savoir plus sur elle et…
- Votre mère… l’interrompit-il l’air songeur, comment s’appelait-elle… ?
- Yumi Itô. »

L’expression de son visage changea totalement, il semblait surpris.

« - Je vois… murmura t-il en souriant, si vous voulez bien me suivre.
- Ah, euh… Ok. »

Fuuro ne comprenait pas trop ce qu’il se passait, mais elle se contenta de le suivre sans trop poser de question. Ils traversèrent une allée de bambou avant d’arriver devant la demeure où la porte était déjà ouverte. Comme il fallait s’y attendre, l’intérieur était magnifique lui aussi, bien que moins traditionnel que l’extérieur. En effet le hall était dans un style un peu plus moderne. Le jeune homme sorti une clochette de sa poche qu’il fit sonner. Il se tourna ensuite vers Fuuro avec un léger sourire :

« - Nous ne nous sommes pas présentés, je suis Cheren Endô, le conseiller de M. Ryôsuke Nakamura… Et vous êtes… ?
- Fuuro… Fuuro Itô.
- Itô… Oui cela va de soit, » murmura t-il en laissant échapper un petit rire étouffé.

Ils restèrent ainsi deux longues minutes sans parler, sans soudain un cri se fit entendre au loin :

« - Cheeeeren ! »

Le bruit venait des escaliers, rapidement on pu distinguer une silhouette en train de descendre quatre à quatre les marches. C’était une jeune fille blonde habillée en soubrette, il s’agissait sans doute d’une domestique.

« - Tu m’as appelé ? » cria t-elle avec enthousiasme avant de se prendre les pieds dans sa robe et de dégringoler le reste des marches qui la séparait du sol.

Cheren soupira, ce qui ne manqua pas de faire rire Fuuro.

« - Vous deux, c’est comme le jour et la nuit, dit-elle en riant, Rien de cassé ? demanda t-elle en s’approchant de la servante.
- Belle, le maître est-il encore là ? demanda Cheren sans se soucier de l’état de la jeune fille qui se relevait tant bien que mal avec l'aide de Fuuro.
- Il s’apprêtait à sortir, il ne devrait pas tarder à descendre, répondit-elle à Cheren avant de se tourner vers Fuuro, Merci… Belle Saitô à votre service, mademoiselle ! s’écria t-elle l’air enjouée et mimant un salut militaire.
- Haha, moi c’est Fuuro Itô.
- Mademoiselle Itô ici présente est venue pour voir le maître, elle est la fille d’une domestique ayant servi ici il y a une vingtaine d’année : une dénommée Yumi Itô, mais je suis sûre que ce nom ne doit pas t’évoquer grand-chose, soupira t-il.
- Si si ! Je vois de qui il s’agit, le maître m’a déjà dit grand bien d’elle.
- Quand on parle du loup… » murmura Cheren.


Un imposant homme gris de cheveux descendait fièrement les marches. Les deux serviteurs saluèrent respectivement cette personne qui devait être leur maître. Il s’arrêta en bas des marches et Cheren le rejoint pour lui soufflait à l’oreille que la jeune fille qui se tenait en face d’elle était l’enfant de Yumi Itô. L’expression fière de l’homme vira rapidement à l’étonnement. Il était bouche bée.

« - C’est une habitude de la maison de faire cette tête à chaque fois qu’on me rencontre… ? » murmura Fuuro à Belle qui ne répondit rien.

Le maître de maison s’avança vers la jeune fille :

« - Je suis Ryôsuke Nakamura, dit-il, Mais je pense que tu devais déjà le savoir puisque tu es venu jusqu’ici. Ton nom est Fuuro, c’est ça ?
- Oui monsieur… répondit-elle timidement.
- Avant que tu ne commences à me poser la moindre question, sache que je n’ai aucune idée de ce qu’est devenue ta mère après son départ d’ici… Mais si tu veux rester pour le thé, je pourrai te raconter quelques anecdotes de lorsqu’elle travaillait pour moi… »

Fuuro avait bien compris que ce n’était pas en écoutant les petites histoires de cet homme qu’elle obtiendrait la moindre piste importante concernant sa mère. Mais cet endroit regorgeait certainement d’informations qui, assemblées les unes aux autres, lui ferait peut être découvrir quelque chose. Elle ferma les yeux quelques instants pour réfléchir avant de s’écrier :

« - Si vous me le permettait... Je voudrais travaillée ici ! »

Cette annonce ne manqua pas d’étonner grandement, mais aussi sourire, Ryôsuke.

« - Cet étui… dit M. Nakamura en examinant la pochette que Fuuro avait sur sa jambe droite, Alors comme ça tu es une ninja ?
- On m’a en quelque sorte enseigné les bases, répondit-elle.
- Bien bien, murmura t-il, Alors que dirais-tu de servir ma fille ? Elle a exactement ton âge, et tu pourrais faire office de « garde du corps » lors de ses sorties. Je suis sûr que vous vous entendrez pour le mieux.
- Si cela vous va, alors il en est de même pour moi, monsieur… répondit poliment Fuuro qui allait devoir s'habituer à parler respectueusement.
- Très bien, dit-il en tapant dans ses mains, Tu commences demain. Belle, fais lui visiter les lieux et montre lui sa chambre. »

La domestique hocha la tête et partit avec Fuuro.

« - Monsieur… murmura Cheren, Est-ce que… ?
- Oui, pas de doute possible, c'est bien elle, répondit Ryôsuke, Et c’est pour cela que je l’ai mise au service de Kamitsure…
- Cela promet d’être intéressant… »

Chapitre 3 ~ Kamitsure Nakamura...

Trois années passèrent. Trois années durant lesquelles Fuuro et Kamitsure, la fille de Ryôsuke Nakamura pour qui elle travaillait, restèrent ensembles. Bien vite leur relation avait dépassé le stade maitresse/servante et elles étaient devenues des amies proches. Probablement la première amie du même âge que Fuuro. C’était une fille formidable, bien que froide au premier abord. Lorsqu’elles s’étaient rencontrées pour la première fois, Kamitsure traversait alors une période plutôt douloureuse : la perte de sa mère. Fuuro l’avait donc réconfortée, elle aussi savait ce que cela faisait, pire encore, elle ne l’avait jamais réellement connu et n’avait que de très brèves images d’elle en tête. Bref, leur complicité partie de là jusqu’à ce qu’elle ne vole en éclat à cause de cette terrible révélation.


C’était le jour des vingt ans de Kamiture et on célébra l’anniversaire de Fuuro en même temps – oui elles étaient nées le même jour, mais cela importe peu – et pour l’occasion, toute la demeure Nakamura était en fête. Tout se passa pour le mieux. La fête touchait à sa fin et les invités s’apprêtaient à partir. Fuuro reprit donc « ses fonctions » et commença à remettre en ordre la cuisine, ce qui avait énervé Kamitsure qui voulait poursuivre la fête avec son amie et d’autres personnes toute la nuit.

« - C’est impossible, Kami’… Je dois finir de travailler pour le moment, mais je peux te rejoindre plus tard avec Belle et pourquoi pas ce grincheux de Cheren… dit Fuuro en souriant.
- Ce que tu peux être ennuyeuse quand tu t’y mets… C’est ton anniversaire à toi aussi après tout, tu devrais être en congé ! s’écria Kamitsure, Tu as intérêt à venir, sinon je t’en voudrais pour un bon mois je crois ! »

Puis elle sortie de la cuisine en faisant la moue ce qui ne manqua pas d’amuser Fuuro. Cette dernière avait presque finit de ranger la cuisine, elle passait un dernier coup de lavette sur le plan de travail quand Ryosûke fit irruption dans la pièce.

« - Monsieur… murmura t-elle dans un salut bref tout en finissant ce qu’elle faisait.
- Je vois que tu en as terminé avec la cuisine, tu peux t’arrêter là pour ce soir, dit-il, D’ailleurs tu n’avais même pas besoin de le faire tu sais…
- C’est mon travail, et j’avais déjà eu mon congé la semaine dernière, dit-elle en essuyant les verres qu’elle avait au préalable lavé, Allons ne soyez pas ainsi désolé, Monsieur.
- Voir sa fille travailler pour soi le jour de son anniversaire, il y a de quoi se sentir mal à l’aise… » souffla t-il.

Fuuro arrêta net ce qu’elle était en train de faire. Elle avait très bien entendu mais elle voulait en avoir le cœur net :

« - Je vous demain pardon…? »

Il s’approcha d’elle et lui mit sa main dans ses cheveux avant de répondre :

« - Tu es le portrait craché de ta mère, tu sais… Ca s’est passé il y a un peu plus de vingt ans. J’admirais beaucoup son travail, elle était très serviable et rendait le moindre service à quiconque lui demandait… C’est arrivé la première fois dans mon bureau un jour que ma femme était en déplacement, elle nettoyait un meuble… et j’ai craqué. Nous avons continué ainsi plusieurs mois jusqu’à ce qu’elle accouche de toi le soir de la naissance de Kamitsure… Elle avait caché sa grossesse à tout le monde. A cet instant j’ai été très lâche, j’avais peur que quelqu’un ne découvre que j’étais le père de l’enfant et j’ai fait quelque chose d’absolument ignoble : je l’ai renvoyé les jours qui suivirent.
- … »

Sous l’effet de la nouvelle, Fuuro n’avait pas pu s’empêcher de lâcher un des verres qui éclata sur le sol.

« - Je sais que ça doit te faire un choc, mais je t’en prie, ne me déteste pas, dit-il en la serrant contre elle, Je ne veux pas perdre la seule chose qu’il me reste de Yumi !
- Il fallait y penser avant de la renvoyer… » murmura t-elle

Elle était incapable de s’énerver, et pourtant, elle était folle de rage. Ryôsuke Nakamura, son père, il avait renvoyé sa mère alors qu’elle venait juste d’accoucher. C’était absolument horrible. Elle devait encore être affaiblie et l’enfant qui venait de naître, Fuuro, elle avait tout sauf besoin de vivre ses premiers jours dehors.

Au niveau de la porte, Kamitsure venait d’arriver. Le bruit du verre cassé avait dû attirer son attention. Elle resta sans bruit à contempler la scène : la domestique qui s’avérait aussi être sa meilleure amie était là, dans les bras de son maître. La colère montait, mais elle restait discrète, elle voulait voir jusqu’où cela pouvait aller.

« - Je me suis rendu compte bien trop tard que je l’aimais sincèrement… J’ai bien essayé de la retrouver… » murmura Ryôsuke qui serrait toujours Fuuro.

Cette dernière le repoussa lentement et s’apprêtait à parler lorsque son regard croisa celui de Kamitsure qui était furieuse.

« - Ah, Kami’… dit-elle, Tu ne devineras jamais. Figure-toi que…
- Je m’en moque ! hurla Kamitsure, Je comprends tout maintenant… Tu ne comptais pas me rejoindre, tu allais… tu allais… »

Kamitsure s’effondra à genou, elle commençait à pleurer.

« - Dire que je te voyais comme un propre membre de la famille… dit-elle entre deux sanglots, Comment ai-je pu être aussi stupide, tout ce que tu voulais c’était te faire mon père ! »

Elle se releva puis partit en courant.

« - Elle a tout compris de travers… soupira Ryôsuke, Bon, le point positif c’est qu’elle te considérait déjà comme un membre de la famille… dit-il en riant.
- Comment pouvez-vous encore « plaisanter » dans ces conditions… Pourriture. »

Puis elle partit à la recherche de Kamitsure.

Epilogue ~ Kirigakure no Satô